====== Installation d'un VPN site à site avec StrongSwan ======
--- //[[nekan@shyrkasystem.com|Nicolas THOREZ]] 2019/05/15 20:20//
Le recours à un VPN est très utile dans différents cas. Les plus importants sont :
* Simplification de l'utilisation de ressources distantes.
* Sécurisation des transfert de données entre deux sites.
Sous linux, il existe plusieurs possibilités pour établir un tunnel VPN. Les plus courantes seront OpenVPN, intéressant dans le cadre d'un poste itinérant, et StrongSwan, pour les tunnel IPSec site à site.
Ce tutoriel a été réalisé sur deux debian stretch (version 9.4 et 9.7) et en tant que root. Les adresses IP choisies sont volontairement fausses.
===== Installation =====
* On commence par mettre à jour notre base de paquets.
apt-get update
* On installe le paquet nécessaire.
apt-get install strongswan
* La partie "Installation" est terminée. Cette étape doit être réalisée sur chacune des deux têtes de pont de notre tunnel VPN, à savoir les deux postes.
===== Configuration =====
La configuration diffère légèrement entre les deux têtes de pont. Avant toute chose, il faut se mettre d'accord sur plusieurs points (dans ce tutoriel, mes choix sont en **Gras**) :
* Commun aux deux têtes de pont pour la 1ère phase (ISAKMP):
* Le protocole d'échange de clé IKE (Internet Key Exchange) : IKEv1 ou **IKEv2**.
* Le type d'authentification : par certificat ou par **clé secrète partagée (PSK)**.
* La complexité de la clé de chiffrement pour l'AH (Authentication Header) : il existe de nombreux choix possible. Dans mon cas, j'ai choisi un couple **AES256** et **SHA256**.
* Le groupe Diffie-Hellman pour l'échange de clé durant le AH : là aussi de nombreux choix, j'ai opté pour pour le **Groupe 14** correspondant à un modulo de **2048**.
* La durée de vie de la connexion avant renégociation : C'est arbitraire. Il faut qu'elle soit ni trop courte ni trop longue. Pour ma part j'ai choisi un paramétrage standard avec la durée de **28800s** correspondant à 8h.
* Commun aux deux têtes de pont pour la 2ème phase (IPSec):
* La complexité de la clé de chiffrement pour l'ESP (Encapsulating Security Payload) : il existe de nombreux choix possible. Dans mon cas, j'ai choisi un couple **AES256** et **SHA256**. On est pas obligé de mettre la même chose que pour l'AH.
* Le groupe Diffie-Hellman pour l'échange de clé durant l'ESP : là aussi de nombreux choix, j'ai opté pour pour le **Groupe 14** correspondant à un modulo de **2048** et comme précédement, on est pas obligé de prendre les mêmes paramètres que pour l'AH.
* La durée de vie de la phase 2 avant renégociation : J'ai choisi une durée plus courte que pour la phase 1, à savoir **1h**.
* Différent pour chaque tête de pont :
* L'adresse IP publique de la tête locale (qui correspondra aussi à l'adresse IP publique distante pour la tête distante).
* L'adresse IP privée de la tête locale (uniquement si la tête est derrière un NAT et ignorée de la tête distante).
* L'adresse IP publique de la tête distante (qui correspondra aussi à l'adresse IP publique locale pour la tête distante).
* La plage d'adressage à utiliser pour attribuer une adresse IP locale aux postes distants (on peut aussi une adresse unique si une seule machine (la tête de pont donc) doit se connecter).
Attention aux plages d'adressage. Un VPN ne pourra jamais fonctionner correctement si une plage d'adressage (par exemple : 192.168.0.0/24) existe des deux côtés du tunnel. En effet, les routeurs chercherons toujours à utiliser les routes les plus courtes et si une plage correspond aussi bien à du local qu'à du distant, la route locale sera toujours plus courte.
Voici donc mon tableau récapitulatif :
|<100% 20% 40% 40%>|
^ Paramètres ^ Tête de pont A ^ Tête de pont B ^
|IP publique locale | 78.79.1.2 | 89.90.3.4 |
|IP publique distante | 89.90.3.4 | 78.79.1.2 |
|IP privée (si NAT) | - | 192.168.0.1 |
|Plage | 10.0.1.0/24 | 10.0.2.1/32 |
|Type d'authentification | PSK ||
|Version IKE | IKEv2 ||
|Cryptage AH | AES256-SHA256 ||
|Diffie-Hellman AH | Groupe 14 (MODP2048) ||
|Durée de vie IKE | 28800s ||
|Cryptage ESP | AES256-SHA256 ||
|Diffie-Hellman ESP | Groupe 14 (MODP2048) ||
|Durée de vie IPSec | 1h ||
Une fois les paramètres déterminés, nous pouvons configurer chaque têtes de pont. Commençons donc par la première.
==== 1ère tête de pont ====
* On commence par établir une carte réseau virtuelle qui correspond au routeur de la plage destinée aux postes distants :
nano /etc/network/interfaces
* On ajoute notre interface :
# "auto" correspond aux montage automatique de l'interface au démarrage de la machine
# "eth1:0" correspond à l'interface virtuelle 0 (la première) de l'interface physique eth1
auto eth1:0
# On déclare l'interface avec une adresse statique
iface eth1:0 inet static
address 10.0.1.1/24
* On active notre nouvelle interfacve :
ifup eth1:0
* On édite le fichier de configuration d'ipsec :
nano /etc/ipsec.conf
* On écris la configuration choisie dans le fichier :
## On commence par la configuration générale du daemon ipsec
config setup
# Cette ligne sert à l'établissement des logs
charondebug="cfg 2, dmn 2, ike 2, net 2"
## Ce bloc correspond aux paramètres de notre tunnel VPN, nommé pour l'occasion test-vpn
conn test-vpn
# On indique le mode de démarrage du tunnel
auto=start
# On indique le type de tunnel
type=tunnel
# On indique la version du protocole IKE
keyexchange=ikev2
## Les lignes suivantes sont optionnelles mais utiles. Elles permettent de vérifier si la connexion est toujours active.
# C'est le DPD (Dead Peer Detection)
closeaction=hold
dpdaction=hold
dpddelay=30s
dpdtimeout=150s
## Les lignes suivantes sont optionnelles mais utiles. Elles permettent de relancer la connexion en cas d'échec.
rekey=yes
keyingtries=5
## Le bloc "left" correspond à la partie locale de la tête de pont
# "left" correspond à l'adresse IP locale du poste si il est derrière un NAT ou son adresse IP publique, le cas échéant
left= 78.79.1.2
# "leftid" correspond toujours à son adresse IP publique
leftid= 78.79.1.2
# "leftsubnet" correspond à la plage distribuée pour les postes distants
leftsubnet=10.0.1.0/24
# La ligne suivante indique la présence d'un pare-feu
leftfirewall=yes
## Le bloc "right" correspond à la partie distante de la tête de pont
# "right" et "rightid" indique l'adresse IP publique de l'autre tête de pont
right= 89.90.3.4
rightid= 89.90.3.4
# "rightsubnet" correspond à la plage distribuée par le poste distant pour les postes locaux
rightsubnet= 10.0.2.1/32
## Ici, on commence les paramétrages de la phase 1 (ISAKMP)
# On indique le type d'authentification choisie
authby=secret
# On indique nos choix de chiffrement et le groupe Diffie-Hellman
ike=aes256-sha256-modp2048
# On indique la durée de vie de la phase 1
ikelifetime=28800s
## Ici, on commence les paramétrage de la phase 2 (IPSEC)
# On indique nos choix de chiffrement et le groupe Diffie-Hellman
esp=aes256-sha256-modp2048
# On indique la durée de vie de la phase 1
lifetime=1h
# On indique notre souhait de forcer l'encapsulation des données (pour plus de sécurité)
forceencaps=yes
# Cette ligne permet d'indiquer au daemon ipsec, son comportement en cas de perte de connexion
# pull pour attendre l'établissement d'une connexion de la part de l'autre tête de pont
# push pour établir cette connexion
modeconfig=push
* Une fois ce fichier de configuration enregistrée, il faut éditer le fichier qui contiendra le PSK :
nano /etc/ipsec.secrets
* Dans ce fichier, on indique notre PSK (J'ai choisi "Azerty123" pour l'exemple) en le précédant de l'adresse IP publique locale puis l'adresse IP publique distante, ce qui aura pour effet d'associer ce PSK à la connexion que nous avons paramétrée.
# PSK pour test-vpn
78.79.1.2 89.90.3.4 : PSK "Azerty123"Il faut obligatoirement ouvrir les port UDP 500 et UDP 4500 sur votre solution de pare-feu et ce, pour chaque tête de pont.
Notre première tête de pont est paramétrée. Passons à la seconde.
==== 2ème tête de pont ====
Pour la seconde tête de pont, le cheminement de la configuration est similaire, à l'exception du croisement des données au niveau des adresses IP.
* On commence par établir une carte réseau virtuelle qui correspond au routeur de la plage destinée aux postes distants :
nano /etc/network/interfaces
* On ajoute notre interface :
# "auto" correspond aux montage automatique de l'interface au démarrage de la machine
# "eth1:0" correspond à l'interface virtuelle 0 (la première) de l'interface physique eth1
auto eth1:0
# On déclare l'interface avec une adresse statique
iface eth1:0 inet static
address 10.0.2.1/32
* On active notre nouvelle interfacve :
ifup eth1:0
* On édite le fichier de configuration d'ipsec :
nano /etc/ipsec.conf
* On écris la configuration choisie dans le fichier :
## On commence par la configuration générale du daemon ipsec
config setup
# Cette ligne sert à l'établissement des logs
charondebug="cfg 2, dmn 2, ike 2, net 2"
## Ce bloc correspond aux paramètres de notre tunnel VPN. On peut utiliser un autre nom que celui de l'autre tête de pont.
conn test-vpn
# On indique le mode de démarrage du tunnel
auto=start
# On indique le type de tunnel
type=tunnel
# On indique la version du protocole IKE
keyexchange=ikev2
## Les lignes suivantes sont optionnelles mais utiles. Elles permettent de vérifier si la connexion est toujours active.
# C'est le DPD (Dead Peer Detection)
closeaction=hold
dpdaction=hold
dpddelay=30s
dpdtimeout=150s
## Les lignes suivantes sont optionnelles mais utiles. Elles permettent de relancer la connexion en cas d'échec.
rekey=yes
keyingtries=5
## Le bloc "left" correspond à la partie locale de la tête de pont
# "left" correspond à l'adresse IP locale du poste si il est derrière un NAT ou son adresse IP publique, le cas échéant
left= 192.168.0.1
# "leftid" correspond toujours à son adresse IP publique
leftid= 89.90.3.4
# "leftsubnet" correspond à la plage distribuée pour les postes distants
leftsubnet=10.0.2.1/32
# La ligne suivante indique la présence d'un pare-feu
leftfirewall=yes
## Le bloc "right" correspond à la partie distante de la tête de pont
# "right" et "rightid" indique l'adresse IP publique de l'autre tête de pont
right= 78.79.1.2
rightid= 78.79.1.2
# "rightsubnet" correspond à la plage distribuée par le poste distant pour les postes locaux
rightsubnet= 10.0.1.0/24
## Ici, on commence les paramétrages de la phase 1 (ISAKMP)
# On indique le type d'authentification choisie
authby=secret
# On indique nos choix de chiffrement et le groupe Diffie-Hellman
ike=aes256-sha256-modp2048
# On indique la durée de vie de la phase 1
ikelifetime=28800s
## Ici, on commence les paramétrage de la phase 2 (IPSEC)
# On indique nos choix de chiffrement et le groupe Diffie-Hellman
esp=aes256-sha256-modp2048
# On indique la durée de vie de la phase 1
lifetime=1h
# On indique notre souhait de forcer l'encapsulation des données (pour plus de sécurité)
forceencaps=yes
# Cette ligne permet d'indiquer au daemon ipsec, son comportement en cas de perte de connexion
# pull pour attendre l'établissement d'une connexion de la part de l'autre tête de pont
# push pour établir cette connexion
modeconfig=push
On remarque bien que les parties "left" et "right" ont été inversées entre les deux configurations.
* Une fois ce fichier de configuration enregistrée, il faut éditer le fichier qui contiendra le PSK :
nano /etc/ipsec.secrets
* Dans ce fichier, on indique notre PSK (J'ai choisi "Azerty123" pour l'exemple) en le précédant de l'adresse IP publique locale puis l'adresse IP publique distante, ce qui aura pour effet d'associer ce PSK à la connexion que nous avons paramétrée.
# PSK pour test-vpn
89.90.3.4 78.79.1.2 : PSK "Azerty123"Il faut obligatoirement ouvrir les port UDP 500 et UDP 4500 sur votre solution de pare-feu et ce, pour chaque tête de pont.
La configuration des deux têtes de pont est maintenant terminée. Il ne reste plus qu'à lancer la connexion.
===== Prise en compte des paramétrages =====
Pour établir la connexion, il faut d'abord prendre en compte les configurations établies. Le plus simple est de redémarrer le daemon ipsec. Sinon il faut recharger la configuration.
Attention : si vous avez plusieurs tunnel VPN et que vous redémarrer le daemon, la connexion des autres tunnels sera coupée. La première méthode est donc réservée aux postes ne gérant qu'un seul tunnel.
* Du coup, pour redémarrer le daemon ipsec :
/etc/init.d/ipsec restart
* Sinon, pour recharger la configuration, on commence par s'assurer que la connexion est à l'arrêt :
ipsec down test-vpn
* On recharge la configuration :
ipsec reload
* On recharge tous les secrets et autres paramètres supplémentaires :
ipsec rereadall
===== Établissement de la connexion =====
Il ne nous reste plus qu'à établir la connexion. Pour cela :
* On commence par vérifier si notre connexion n'est pas déjà établie (nous avons choisi un mode de démarrage automatique).
ipsec statusall
Si la connexion existe déjà, la console nous renvoie des informations de ce genre :
Status of IKE charon daemon (strongSwan 5.5.1, Linux 4.9.0-9-amd64, x86_64):
uptime: 17 hours, since May 15 18:06:34 2019
malloc: sbrk 1810432, mmap 0, used 1228912, free 581520
worker threads: 11 of 16 idle, 5/0/0/0 working, job queue: 0/0/0/0, scheduled: 3
loaded plugins: charon aesni aes rc2 sha2 sha1 md5 random nonce x509 revocation constraints pubkey pkcs1 pkcs7 pkcs8 pkcs12 pgp dnskey sshkey pem openssl fips-prf gmp agent xcbc hmac gcm attr kernel-netlink resolve socket-default connmark stroke updown
Listening IP addresses:
78.79.1.2
10.0.1.1
Connections:
test-vpn: 78.79.1.2...89.90.3.4 IKEv2, dpddelay=30s
test-vpn: local: [78.79.1.2] uses pre-shared key authentication
test-vpn: remote: [89.90.3.4] uses pre-shared key authentication
test-vpn: child: 10.0.1.0/24 === 10.0.2.1/32 TUNNEL, dpdaction=hold
Routed Connections:
test-vpn{24}: ROUTED, TUNNEL, reqid 1
test-vpn{24}: 10.0.1.0/24 === 10.0.2.1/32
Security Associations (1 up, 0 connecting):
test-vpn[4]: ESTABLISHED 2 hours ago, 78.79.1.2[78.79.1.2]...89.90.3.4[89.90.3.4]
test-vpn[4]: IKEv2 SPIs: fa03f2ec5ef41906_i 979ecb282fca7b86_r*, pre-shared key reauthentication in 5 hours
test-vpn[4]: IKE proposal: AES_CBC_256/HMAC_SHA2_256_128/PRF_HMAC_SHA2_256/MODP_2048
test-vpn{28}: INSTALLED, TUNNEL, reqid 1, ESP in UDP SPIs: c26dcbcf_i c82d3f3f_o
test-vpn{28}: AES_CBC_256/HMAC_SHA2_256_128/MODP_2048, 0 bytes_i, 0 bytes_o, rekeying in 34 minutes
test-vpn{28}: 10.0.1.0/24 === 10.0.2.1/32
Si ce n'est pas le cas, il suffit d'établir la connexion grâce à la commande :
ipsec up test-vpn
Nous aurons alors droit à un message de ce type :
initiating IKE_SA test-vpn[5] to 89.90.3.4
generating IKE_SA_INIT request 0 [ SA KE No N(NATD_S_IP) N(NATD_D_IP) N(FRAG_SUP) N(HASH_ALG) N(REDIR_SUP) ]
sending packet: from 78.79.1.2[500] to 89.90.3.4[500] (1172 bytes)
received packet: from 89.90.3.4[500] to 78.79.1.2[500] (464 bytes)
parsed IKE_SA_INIT response 0 [ SA KE No N(NATD_S_IP) N(NATD_D_IP) N(FRAG_SUP) N(HASH_ALG) N(MULT_AUTH) ]
remote host is behind NAT
sending cert request for "CN=VPN certificate CA"
authentication of '78.79.1.2' (myself) with pre-shared key
establishing CHILD_SA test-vpn
generating IKE_AUTH request 1 [ IDi N(INIT_CONTACT) CERTREQ IDr AUTH SA TSi TSr N(MOBIKE_SUP) N(ADD_4_ADDR) N(MULT_AUTH) N(EAP_ONLY) ]
sending packet: from 78.79.1.2[4500] to 89.90.3.4[4500] (416 bytes)
received packet: from 89.90.3.4[4500] to 78.79.1.2[4500] (272 bytes)
parsed IKE_AUTH response 1 [ IDr AUTH SA TSi TSr N(AUTH_LFT) N(MOBIKE_SUP) N(ADD_4_ADDR) N(ADD_4_ADDR) N(ADD_4_ADDR) ]
authentication of '89.90.3.4' with pre-shared key successful
IKE_SA test-vpn[5] established between 78.79.1.2[78.79.1.2]...89.90.3.4[89.90.3.4]
scheduling reauthentication in 27990s
maximum IKE_SA lifetime 28530s
connection 'test-vpn' established successfullyFélicitation, votre tunnel est monté!
===== Résolution des pannes =====
Si le tunnel ne veux pas se monter.
Il est intéressant d'observer les logs de la tête de pont distante lors de l'initialisation de la connexion :
tail -f /var/log/kern.log
Une autre bonne source d'information est d'observer sur le pare-feu, le flux de paquets sur les ports UDP 500. Par exemple sur un pare-feu de type IPTables sous debian :
tcpdump -i any host 78.79.1.2 and port 500
~~DISCUSSION~~